Breton

De Entrelangues
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Le breton se trouve aussi sous le nom langue bretonne ou, dans la langue, brezhoneg.


Aire géographique  : La langue bretonne est parlée en Finistère, ouest du Morbihan et Côtes d'Armor, qui constitue l'espace appelé en Basse-Bretagne, puis dans les lieux principaux de sa diaspora : la Haute-Bretagne (Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique), la région parisienne, les grands ports. Le breton coexiste en Basse-Bretagne avec une langue d'oïl parlée dans ses centres urbains depuis au moins le haut Moyen Âge. Les locuteurs actuels sont bilingues avec au moins un dialecte du français, français de Basse-Bretagne ou français standard. Sur sa frontière Est, le breton est autrement en contact avec le gallo, autre langue d'oïl. Cette frontière linguistique Est suit une courbe en S allant de Plouha, sur la côte nord, à l’embouchure de la Vilaine, au sud. Sébillot (1886) en a proposé un tracé détaillé, qui continue d'avancer vers l'ouest. Même si elle est devenue poreuse, la limite reste aujourd'hui linguistiquement concrète et le breton est une langue fortement territorialisée (Broudic 1995b).

Situation typologique (famille de langues) : Le breton est une langue celtique de la branche brittonique, branche qui comprend aussi le cornique et le gallois, et à laquelle appartenait le gaulois, éteint.

Principaux dialectes : Le breton comprend plusieurs variations dialectales. Le vannetais se détache des autres dialectes du groupe dit "KLT", à savoir le léonard (L) et une aire centrale comprenant le cornouaillais (K pour "Kerne"), le trégorrois (T) et le breton du Goëlo. La variété du breton standard est réputée proche du léonard.


[code ISO-639] : bre, et pour le vieux breton obt.


 La version (2007) de cet article avait été rédigée en partie par Fañch Broudic.


Sociologie de la langue

critères de vitalité selon l'UNESCO

Cette partie renseigne les 9 principaux facteurs d'évaluation de la vitalité d'une langue selon l'Unesco (2003). Selon le livre rouge des langues en danger de l'Unesco, le breton est sérieusement en danger.

La vitalité de la langue bretonne est relativement bien documentée. Les premières recherches sociolinguistiques sur la langue bretonne sont publiées au tournant des années 1980 (Dressler 1977, Levesque 1982, Berger 1988, Timm 1973, 1980, Humphrey 1991, 1992). Différents travaux de sociolinguistique historique analysent l'évolution de sa pratique sociale sur longue durée, de la période de la Révolution française à aujourd'hui (Broudic 1995a, 1997, 2009, Calvez 2009). Le Dû & Le Berre (1995, 1998) et Le Dû (1996) proposent une approche théorique de la situation de la langue en terme de badume, standard et norme. La situation du breton est décrite au travers d'enquêtes de terrain et d'études qualitatives (Elégoet 1972, Favereau 1996, Le Coadic 1998, 2004, Quéré 2000, Pentecouteau 2002, Hoare 2003). L'INSEE a pour la première fois enquêté sur l'usage de la langue dans le cadre du recensement de 1999 (Le Boëtté 2003, Broudic 2003). Depuis 1990, des sondages périodiques fournissent des données détaillées de démolinguistique ou sur l'opinion des Bretons par rapport à leur langue (Broudic 1995a, 1999, 2001, 2004, 2009).

L'observatoire de la langue bretonne a commencé à publier des rapports quinquennaux (2002, 2007), des études ponctuelles (2004, 2009b) et des diagnostics par territoires (2009a) sur l'état du breton en différents domaines de la vie sociale : enseignement, médias, édition, économie.

Transmission inter-générationnelle de la langue

Facteur 1 : niveau 2

La transmission intergénérationnelle du breton a massivement freiné aux lendemains de la seconde guerre mondiale. La langue bretonne est massivement représentée dans la tranche d'âge des grands-parents et des arrières-grands-parents : En 2007, 70 % des locuteurs se situent dans la tranche des 60 ans et plus. Il y avait en 2007 dix fois moins de locuteurs de breton parmi les moins de 40 ans que parmi les plus de 60 ans. Dans la tranche d'âge des 15-40 ans, en 2007, il n’y a que 12 000 locuteurs du breton : nombreux sont parmi eux ceux qui ont acquis la langue par enseignement et non dans le cadre familial.

Nombre absolu de locuteurs

Facteur 2 : _?_

Proportion de locuteurs dans la population globale

Facteur 3 :

Broudic (2009) estimait que 90 % des locuteurs du breton résidaient en Basse-Bretagne, dans la zone traditionnelle de pratique de la langue, avec 13 % des habitants locuteurs du breton (parmi les plus de 15 ans). Ce pourcentage représente une baisse de 7 points en dix ans. Il prédisait une descente sous la barre des 10 % d'ici 2017. Pour la Haute-Bretagne, il estimait le taux de locuteurs du breton à 1 %.

Tendances dans les domaines des langues en présence

Facteur 4 : (niveau 3 de l'échelle de gradation : domaines en régression)

Les lieux sociaux où s'exprime la langue sont de plus en plus restreints, et posent cruellement la question de sa pratique. 
La pratique occasionnelle est prédominante. En 2007, seuls 35.000 locuteurs déclaraient utiliser le breton au quotidien. Ceux qui savent le breton le parlent actuellement moins souvent qu'ils ne le faisaient il y a vingt ans.


Réponse aux nouveaux domaines et médias

Facteur 5 :

Presse écrite: Il existe une dizaine de périodiques sur abonnement, dont aucun n'est diffusé en kiosque. Il n'y a jamais eu de quotidien en breton. Le plus fort tirage est l'hebdomadaire d'information généraliste Ya (1.200 abonnés en 2007). Suivent deux mensuels : Rouzig à destination de la jeunesse (700 abonnés) et Bremañ, magazine d’actualités (environ 600). La revue Al Liamm est bimestrielle. Brud Nevez a fait faillite. Des organes de presse de plus large diffusion publient régulièrement des chroniques ou même des pages en breton. C'est notamment le cas du quotidien Le Télégramme qui propose un article en breton une fois par semaine depuis 2002. Quelques hebdomadaires ou des mensuels spécialisés le font également (Broudic 2010a).

Médias audio-visuels [paragraphe à rafraichir, version 2007]: En radio, le service public diffuse environ 18 heures de programmes en breton ou bilingues par semaine en Basse-Bretagne sur France Bleu Breiz-Izel. Quatre radios associatives émettent exclusivement ou partiellement en breton sur leur territoire respectif. En Finistère, on peut ainsi capter Radio-Kerne dans le sud du département et Arvorig FM dans le nord. Radio-Kreiz-Breizh dans le centre Bretagne et Radio-Bro-Gwened en pays vannetais sont toutes deux bilingues. Chacune de ces stations produit et diffuse de 13 à 22 heures d'émissions originales par semaine. Si l'on prend en compte les échanges de programmes entre radios et la multidiffusion, le volume hebdomadaire diffusé atteint de 30 à 53 heures. D'autres radios proposent quelques rendez-vous en breton, y compris en Haute-Bretagne. Les radios diffusant en breton peuvent également s'écouter en ligne. C'est le cas pour les programmes de France Bleu Breiz-Izel comme pour ceux des radios associatives, que ce soit Radio-Kerne en Cornouaille, Arvorig FM dans le Léon, Radio-Kreiz-Breizh en centre Bretagne ou Radio Bro-Gwened en région vannetaise. On peut également accéder à ces quatre stations via le portail Stalig.

En télévision, France 3 Bretagne diffuse chaque semaine sur la TNT 1 heure 45 de programmes en breton, ce qui représente environ 70 heures annuelles. Ces programmes sont diversifiés et consistent en un journal quotidien d'actualités, des documentaires, des talk-shows, une émission jeunesse, une émission musicale… Ils recueillent une audience qui peut varier de quelques milliers à 50 000 téléspectateurs. Il existe enfin trois télévisions locales en région Bretagne, dont la dernière, Tébéo, a démarré en novembre 2009 : elles diffusent périodiquement quelques chroniques ou émissions en langue bretonne (Broudic 2010a).

Internet [paragraphe à rafraichir]: En 2007, seuls 5 % des locuteurs déclaraient fréquenter les sites en breton malgré une présence déjà relativement forte avec 230 sites en breton répertoriés. Il existe une version bretonne de Wikipedia. Quelques forums internet avec un espace en breton sont accessibles, comme Skriv ha diskriv ou Brezhoneg ar bobl. Le Forum Kervarker n'est plus consultable qu'en archives. Bremaik propose chaque semaine une page de news en breton.

Brezhoweb, web-télé en breton, propose un rendez-vous mensuel sous la forme d'un talk-show de deux heures et divers autres programmes (sitcom, émission jeunesse, doublage de films…). Son objectif était de diffuser 60 heures de breton en 2010. D'autres sites animés par des bénévoles, comme Gwagenn TV, proposent aussi des reportages sur internet (Broudic 2010a).

L'association ubapar met en ligne un pôle emploi en breton: labourzo.


Matériel pédagogique et accès à l'écrit

Facteur 6 :

L'orthographe peurunvan [unifiée] est actuellement utilisée dans tout le système scolaire et éditorial. Il a existé principalement deux orthographes concurrentes, l'orthographe dite "universitaire", et la dite "interdialectale". Les éditions TES diffusent gratuitement le matériel pédagogique qu'elles conçoivent ou traduisent à destination des élèves des classes bilingues, et des classes de breton optionnel. Depuis 1994, le centre de terminologie TermBret élabore des vocabulaires techniques et modernes qui sont diffusés par publications et dans une banque de données en ligne sur le site de l'Ofis (TermOfis). Voir aussi les dictionnaires de Preder.

Lors de l'année scolaire 2009-2010, 13.000 enfants ou adolescents étaient inscrits dans les trois filières bilingues existantes : écoles Diwan (enseignant le breton par immersion), classes bilingues de l'enseignement public ou du privé (qui l'enseignent à parité horaire). Environ 5.000 élèves suivaient en outre une option de breton dans le second degré.
 Les universités de Brest et Rennes II offrent des cursus complets en breton, avec les écoles doctorales du CRBC (UBO, Brest) et du CELTIC-BLM (Rennes II). Les cours peuvent être suivis par correspondance dans le cadre du SUED de Rennes II. La formation aux métiers de l'enseignement est assurée à l'IUFM de Saint-Brieuc, ainsi qu'au CFP (enseignement privé) et à Kelenn à Quimper (filière Diwan). De nombreuses structures permettent aux adultes d'apprendre ou d'étudier le breton. 5.000 personnes étaient concernées en 2010. Il existe des cours du soir dans la plupart des villes de Bretagne, des stages intensifs (d'une durée de six mois, par exemple) organisés par : Roudour, Stumdi, Skol an Emsav (tous niveaux), des stages d'été, tels que ceux de KEAV (après un an de cours du soir minimum) ou celui du mouvement Ar Falz. Il existe aussi des cours par correspondance : ceux de Skol Ober ou d'Ar skol dre lizer. L'offre en ligne est fragile.

En 2009, 62 ouvrages en breton ou bilingues ont bénéficié d'une aide à l'édition de la part de la région Bretagne (Broudic 2010). En 2007, 62 % des locuteurs de breton affirment pouvoir le lire (dont près de la moitié aisément) et 37 % pouvoir l'écrire. Lors du précédent sondage de 1997, moins de 10 % de ceux qui déclaraient pouvoir lire le breton le faisaient régulièrement : ce pourcentage équivalait à une population d'environ 20.000 personnes (Broudic 2009).


Politique linguistique

Facteur 7 : 1 à 3 sur 5 assimilation passive à forcée

La langue dominante, le français, est la seule langue officielle. Les langues non-officielles de l'État français relèvent d'une notation entre 1 et 3 (voir l'article sur le statut des langues). Le breton fait partie des 23 langues régionales ou minoritaires, parlées sur le territoire français métropolitain et reconnues par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF).


En Bretagne, le breton bénéficie d'une officialisation de fait : le Conseil régional a adopté le 17 décembre 2004 à l'unanimité un plan de politique linguistique qui "reconnaît officiellement, aux côtés de la langue française, l'existence du breton et du gallo comme langues de la Bretagne." Des conventions additionnelles au contrat de plan et concernant la langue bretonne sont signées entre l'Etat et la Région. Les conseils généraux et des conseils municipaux s'impliquent également, quoique de manière variable (Broudic 2010b).

Attitude des membres de la communauté vis-à-vis de la langue

Facteur 8 : de quelques membres de la communauté à beaucoup souhaitent voir la langue soutenue.



La population bretonne (Haute et Basse-Bretagne) est attachée à la langue bretonne : près de 90 % considèrent qu'il faut la conserver. Mais seuls 67 % considèrent que ce soit réellement possible. Les Bretons sont largement favorables à l'enseignemenbt du breton (à 88 % en Haute-Bretagne et à 83 % en Basse-Bretagne) et à la signalisation routière bilingue (à 74 % et 77 %). Ils sont plus dubitatifs en matière de médias en langue bretonne : 22 % en demandent davantage et 54 % se satisfont de la situation actuelle. Par ailleurs, 44 % estiment qu'il est indispensable ou utile de savoir le breton, alors que 52 % considèrent que cela n'a pas beaucoup d'intérêt ou que ça ne sert à rien (Broudic 2009). Sur l'avenir du breton, le sentiment qui l'emporte largement est la sympathie, et s'il en est qui ont du mépris pour cette langue, les autres se partagent entre optimistes et pessimistes (Le Coadic 2004).

Le breton n'est qu'anecdotiquement une langue d'échange pendant les campagnes électorales. Mais les questions du statut de la langue ou de la politique linguistique à mener représentent un enjeu en termes d'image pour les candidats aux élections (Broudic 2005).

Quantité et qualité de documentation

Facteur 9 : _?_

études sociolinguistiques

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ouvrages pédagogiques

Depuis les années 1995, les méthodes de breton fournissent toutes du matériel audio :

  • Davalan, Nikolaz. 2000. Brezhoneg hentenn OULPAN, Skol an Emsav, 3 vol.
  • Kerrain, Mark. 1995. Ni a gomz brezhoneg, Sav-heol. les premiers cours sont en ligne sur le site Kervarker.
  • Stumdi, E brezhoneg pa gari, 2 vol.
  • Kervella, Divi. 2005. Le breton, coll. "sans peine", Assimil (éd.).

Il existe un seul dictionnaire unilingue (An Here 2001), en format papier. Les trois grands dictionnaires en ligne sont Favereau (1993) et les dictionnaires diachroniques Devri et Meurgorf. Il existe aussi de multiples dictionnaires français/breton, dont certains sont disponibles en ligne: Le Gonidec (1821), Ernault (1904), Guillevic & Le Goff (1905), Gros (1970), Desbordes, Kadored, Kervella (1984), Le Gléau (1994)... Il existe aussi un dictionnaire breton-irlandais (Andouard 1987), breton-allemand (Cornillet 1993), et breton-anglais (Delaporte 1985 et 1986-1993). Yoran Embanner a publié des dictionnaires de poche du breton-catalan, breton-français et breton-irlandais.

Il existe une grammaire en ligne (Jouitteau 2009-présent), et une grammaire papier relativement récente (Favereau 1997).

corpus papier

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Linguistique

descriptions linguistiques

linguistique formelle

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Ressources numériques

 Le site ARBRES fournit en 2023 un historique à jour du développement du traitement automatique du breton (article TAL).

corpus

outils informatiques

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applications

  • traducteur titroer
  • traducteur OPAB

bibliographie TAL

 Le site ARBRES fournit en 2023 une bibliographie à jour sur le traitement automatique du breton (article TAL).