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Le basque comprend plusieurs dialectes, au sud dans l'État espagnol) comme au nord (dans l'État français). Si les variétés géographiquement les plus éloignées sont également distantes au plan linguistique, nulle part dans le territoire bascophone il n'y a rupture de l'intercompréhension entre locuteurs usant des parlers traditionnels de zones contigües. | Le basque comprend plusieurs dialectes, au sud dans l'État espagnol) comme au nord (dans l'État français). Si les variétés géographiquement les plus éloignées sont également distantes au plan linguistique, nulle part dans le territoire bascophone il n'y a rupture de l'intercompréhension entre locuteurs usant des parlers traditionnels de zones contigües. | ||
Les importants changements survenus dans la société basque au cours des dernières décennies rendent les classifications dialectales traditionnelles quelque peu datées. Sur la période plus récente, en particulier en Navarre et dans la Communauté autonome basque (composée par les provinces de Biscaye, Guipuscoa et Alava), la scolarisation en basque, la création d'un code standard élaboré par l'Académie de la langue basque (appellé euskara batua ou "basque unifié"), l'existence des télévisions et de radios émettant en basque, les mouvements de populations, la basquisation d'un nombre important de personnes, enfants ou adultes, originaires de famille non-bascophones, font que dans une même région, et notamment dans les grands centres urbains, coexistent des types de locuteurs correspondant à des profils dialectaux très divers et n'ayant parfois que des relations vagues avec les classifications habituelles. Ceci dit, on peut compter six dialectes traditionnels encore socialement vivants. Dans la nomenclature classique de Bonaparte (1853), on les classe d'est en ouest avec, parlés dans l'État français, le [[souletin]], le [[bas-navarrais]], et le [[labourdin]] et, parlés dans l'État espagnol, le haut navarrais, la guipuscoan et le biscayen. Dans les travaux plus récents (Zuazo 2003), les six dialectes actuels sont les deux dialectes du nord, le [[souletin]] et le [[navarro-labourdin]], et les trois dialectes du sud, le navarrais oriental, central et occidental. Le basque a aussi créolisé avec un lexique | Les importants changements survenus dans la société basque au cours des dernières décennies rendent les classifications dialectales traditionnelles quelque peu datées. Sur la période plus récente, en particulier en Navarre et dans la Communauté autonome basque (composée par les provinces de Biscaye, Guipuscoa et Alava), la scolarisation en basque, la création d'un code standard élaboré par l'Académie de la langue basque (appellé euskara batua ou "basque unifié"), l'existence des télévisions et de radios émettant en basque, les mouvements de populations, la basquisation d'un nombre important de personnes, enfants ou adultes, originaires de famille non-bascophones, font que dans une même région, et notamment dans les grands centres urbains, coexistent des types de locuteurs correspondant à des profils dialectaux très divers et n'ayant parfois que des relations vagues avec les classifications habituelles. Ceci dit, on peut compter six dialectes traditionnels encore socialement vivants. Dans la nomenclature classique de Bonaparte (1853), on les classe d'est en ouest avec, parlés dans l'État français, le [[souletin]], le [[bas-navarrais]], et le [[labourdin]] et, parlés dans l'État espagnol, le haut navarrais, la guipuscoan et le biscayen. Dans les travaux plus récents (Zuazo 2003), les six dialectes actuels sont les deux dialectes du nord, le [[souletin]] et le [[navarro-labourdin]], et les trois dialectes du sud, le navarrais oriental, central et occidental. Le basque a aussi créolisé avec un lexique [[kaló]], une langue [[:Category:langues indo-iraniennes|indo-iranienne]], obtenant le [[erromintxela]]. | ||
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Dernière version du 21 novembre 2023 à 08:41
La langue basque est appelée euskara dans la langue. C'est le terme le plus répandu, celui recommandé par l'Académie de la langue basque (Euskaltzaindia). On rencontre aussi localement les dénominations euskera et eüskara.
Aire géographique :
La langue basque est parlée dans la proximité des Pyrénées occidentales depuis plusieurs milliers d'années. Elle paraît avoir été présente dans cette région avant l'arrivée des premières populations porteuses des langues indoeuropéennes. La présence de la langue basque en Europe occidentale ne pouvant s'expliquer par un mouvement de population ou une acculturation linguistique postérieure à l'indoeuropéanisation, il est admis que la langue et les populations parlant celle-ci étaient présentes dès cette époque, c'est à dire au néolithique. Des géo-généticiens, s’appuyant sur des "analogies importantes" entre l’évolution génétique et l’évolution des langues (Cavalli-Sforza, Gènes, peuples et langues 1996), font l'hypothèse que le peuplement et la langue basques sont présents en Europe depuis une période encore plus ancienne. Selon eux la langue basque serait le résultat de l’évolution des parlers des premières populations du continent européen installées il y a 35 000 à 40 000 ans. Aujourd'hui, la langue s'étend sur les territoires du Pays Basque continental et péninsulaire. Elle est parlée, du côté Nord de la frontière, en Basse-Navarre, Labourd et Soule, dans le département des Pyrénées-Atlantiques (on dit aussi Pays Basque Nord), et du côté Sud de la frontière, en Navarre, Guipuscoa, Biscaye et Alava (Pays Basque Sud). A l’heure actuelle la définition de l’aire géographique est moins évidente. Le passage d’une société rurale et traditionnelle à la société industrielle puis postindustrielle, ainsi que l’action des pouvoirs publics espagnol et français, en particulier l’enseignement obligatoire de la langue nationale, a amené progressivement le basque à devenir minoritaire. Toutefois les efforts de revitalisation, la mise en place de politiques linguistiques axées sur l’enseignement en basque, font qu’on trouve dorénavant des locuteurs dans des zones qui n’étaient plus bascophones, en particulier dans les grandes agglomérations. C’est donc aussi en termes de densité de locuteurs et d’usage de la langue que l’aire géographique du basque devrait être définie.
Situation typologique (famille de langues) : Depuis le XIXème siècle, la langue basque a été comparée avec toutes les langues susceptibles de lui être apparentées. Parmi les hypothèses les plus populaires, on peut compter l'hypothèse basco-ibèrique (l'ibére étant une langue non indoeuropéenne parlée dans la péninsule ibérique, dont les inscriptions existantes n'ont pas encore pu être interprétées) et l'hypothèse basco-caucasique, qui relie les langues kartvèles et nord-caucaséiques avec la langue basque. Les résultats de ces essais ont été décevants, et il est peu probable que désormais, en usant des méthodes de la linguistique historique classique, on puisse établir de façon convaincante des relations génétiques entre le basque et une autre famille de langues. Récemment l’hypothèse dene-caucasienne des comparatistes multilatéralistes a inclus le basque dans la famille dite dene-caucasienne avec le caucasien, le burushaski, le sino-tibétain, le iénisséien et la famille américaine na-dene (Ruhlen, The Origin of Language 1994). Il y a toutefois un large consensus entre les spécialistes de la langue pour considérer le basque comme une langue isolée.
Principaux dialectes : Le basque comprend plusieurs dialectes, au sud dans l'État espagnol) comme au nord (dans l'État français). Si les variétés géographiquement les plus éloignées sont également distantes au plan linguistique, nulle part dans le territoire bascophone il n'y a rupture de l'intercompréhension entre locuteurs usant des parlers traditionnels de zones contigües. Les importants changements survenus dans la société basque au cours des dernières décennies rendent les classifications dialectales traditionnelles quelque peu datées. Sur la période plus récente, en particulier en Navarre et dans la Communauté autonome basque (composée par les provinces de Biscaye, Guipuscoa et Alava), la scolarisation en basque, la création d'un code standard élaboré par l'Académie de la langue basque (appellé euskara batua ou "basque unifié"), l'existence des télévisions et de radios émettant en basque, les mouvements de populations, la basquisation d'un nombre important de personnes, enfants ou adultes, originaires de famille non-bascophones, font que dans une même région, et notamment dans les grands centres urbains, coexistent des types de locuteurs correspondant à des profils dialectaux très divers et n'ayant parfois que des relations vagues avec les classifications habituelles. Ceci dit, on peut compter six dialectes traditionnels encore socialement vivants. Dans la nomenclature classique de Bonaparte (1853), on les classe d'est en ouest avec, parlés dans l'État français, le souletin, le bas-navarrais, et le labourdin et, parlés dans l'État espagnol, le haut navarrais, la guipuscoan et le biscayen. Dans les travaux plus récents (Zuazo 2003), les six dialectes actuels sont les deux dialectes du nord, le souletin et le navarro-labourdin, et les trois dialectes du sud, le navarrais oriental, central et occidental. Le basque a aussi créolisé avec un lexique kaló, une langue indo-iranienne, obtenant le erromintxela.
- [code ISO-639] : eus
La version 2010 de cet article avait été rédigée par Jean-Baptiste Coyos, (UMR 5478, IKER).
Sociologie de la langue
Selon l'Atlas des langues en danger dans le monde de l'Unesco (2010), le basque est dans son ensemble une langue en danger, et parmi les 6 degrés retenus, dans la catégorie vulnérable. Cette qualification, néanmoins, cache des situations assez différentes, comme le dit d'ailleurs le rapport de l'UNESCO. Si la situation est relativement délicate dans la Communauté autonome basque, où une politique d'aménagement linguistique sur l'ensemble du territoire a été mise en place et où la langue basque jouit du statut de langue officielle, ceci n'est pas le cas pour la Communauté autonome de Navarre et les provinces bascophones françaises. Dans la Communauté autonome de Navarre, la langue basque n'est à parité avec l'espagnol que dans une partie de la Navarre qu'on appelle la Navarre "bascophone" au nord du territoire, même si la bascophonie est loin d'être circonscrite à cette zone. La situation est nettement plus mauvaise encore dans les provinces françaises, où la langue basque n'est pas langue officielle. La parité légale des langues n'est évidemment pas le seul facteur qui explique les différences de situation de la langue basque dans les trois aires politico-administratives dans lesquelles elle est traditionnellement utilisée. Mais elle constitue un enjeu fondamental. Dans ces trois entités administratives, des politiques linguistiques différentes sont mises en oeuvre. C'est dans la Communauté autonome basque que les résultats sont les plus probants. Pour le basque en France voir le projet de politique linguistique de l'Office public de la langue basque de 2006. Ce site étant consacré aux langues de France, c'est à la situation de la langue basque en Pays Basque Nord (provinces historiques du Labourd, de Basse-Navarre et de Soule) que nous intéressons ici principalement. La vitalité de la langue basque est bien documentée. La langue bénéficie en France d’enquêtes sociolinguistiques régulières depuis plus de vingt ans, grâce aux efforts du Gouvernement de la Communauté autonome basque (Eusko Jaurlaritza), principal financeur. Depuis 1991, quatre enquêtes ont été réalisées ; la dernière date de 2006. Les résultats de celle de 2011 seront connus en 2012. Elles portent sur l'ensemble du domaine de la langue basque et permettent ainsi des comparaisons entre les différents territoires. L'analyse des 9 critères d'évaluation de la vitalité proposés par l'UNESCO nous amène à classer la langue basque en France parmi les langues en danger, plutôt que parmi les langues vulnérables comme c'est le cas du basque dans la Communauté autonome basque au sud. Soit un degré de vitalité plus bas.
critères de vitalité selon l'UNESCO
Cette partie renseigne les 9 principaux facteurs d'évaluation de la vitalité d'une langue selon l'Unesco (2003).
Transmission inter-générationnelle de la langue
▶ Facteur 1 :
Selon la IVe enquête socioliguistique de 2006, la proportion des personnes dont le basque seul, ou le basque et le français sont les langues maternelles est la plus élevée chez les adultes de 65 ans et plus: 37,5%. Cette proportion diminue constamment avec l’âge. Chez les jeunes de moins de 25 ans, elle chute à 14,1%. Parallèlement la proportion de ceux qui ont le français comme première langue progresse donc constamment. Alors que chez les 65 ans et plus, le français est la première langue de 62,5% des personnes, chez les 16-24 ans il est celle de 85,9% des personnes. La transmission intergénérationelle du basque s'est presque totalement interrompue aussitôt après la deuxième guerre mondiale. Le niveau de vitalité pour ce critère serait le niveau 2 de l'UNESCO 2003 "Sérieusement en danger". Mais il faut tenir compte de l'enseignement scolaire du basque qui s'est très fortement développé ces dix dernières années, selon le modèle bilingue comme selon le modèle immersif.
Nombre absolu de locuteurs
▶ Facteur 2 :
La IVe enquête socioliguistique de 2006 indique que parmi les 230 200 personnes de 16 ans et plus du Pays Basque Nord (Pays Basque de France) 51 800 personnes sont bilingues. 158 600 personnes ne sont pas bascophones et 19 800 sont des bilingues « réceptifs » ou « passifs ». En 1991, selon la première enquête sociolinguistique, les non-bascophones étaient moins nombreux, 125 100 personnes (58,8 %). On estimait les bilingues à 66 200 personnes (32,73 %), et comptait même des monolingues bascophones évalués à 2 900 personnes (1,43%). Il y a donc une diminution du nombre de locuteurs. Toutefois, d'après la dernière enquête de 2006, le nombre de bilingues augmente à nouveau pour la première fois parmi les jeunes de 16 à 24 ans.
Proportion de locuteurs dans la population globale
▶ Facteur 3 :
Selon la IVe enquête socioliguistique de 2006, 22,5 % des habitants du Pays Basque Nord de 16 ans et plus sont bilingues. 8,6 % sont bilingues « réceptifs » ou « passifs ». 68,9 % sont non-bascophones. La proportion de locuteurs de basque n'est pas la même selon la tranche d'âge. Le plus fort pourcentage de bascophones se trouve chez les 65 ans et plus : 32,4%. Les locuteurs les moins nombreux proportionnellement se trouvent chez les 25-34 ans: 11,6%. Toutefois, chez les 16-24 ans le pourcentage augmente: 16,1%. C'est l'effet direct de l'enseignement scolaire en nette augmentation, plus que celui de la transmission familiale. Le niveau de vitalité pour ce critère serait également le niveau 2 de l'UNESCO 2003 "Sérieusement en danger", mais le développement de la transmission par l'enseignement scolaire du basque entraîne un léger retournement de la tendance. Ce critère de vitalité de l'UNESCO ne prend pas en compte le degré de compétence en basque. En Pays Basque Nord, la plus forte proportion de bilingues plutôt bascophones se trouve chez les 65 ans et plus: 39,7%.Elle baisse avec l’âge. Chez les bilingues de moins de 25 ans, 12,8% s’expriment mieux en basque. Cette proportion a baissé peu à peu au cours de ces dix années. En 1996 la proportion des bilingues plutôt bascophones étaient de 32,2%. La quasi-totalité d’entre eux ont eu le basque pour première langue et ils vivent principalement dans des petites communes rurales de Basse-Navarre et de Soule.
Tendances dans les domaines des langues en présence
▶ Facteur 4 :
L'utilisation de la langue dans les différents domaines publics et privés est contrastée. Le français est la langue de la vie publique et l'emploi du basque varie selon les locuteurs, leur volontarisme, selon les territoires du Pays Basque Nord également. En conséquence, ici à nouveau le choix d'un des 6 niveaux de vitalité pour ce critère n'est pas évident. La langue basque gagne du terrain dans l'enseignement, principalement scolaire et dans une moindre mesure dans l'apprentissage des adultes. Certaines collectivités locales, commune, département, commencent à former une petite partie de leur personnel. Nouveauté récente: quelques crèches sont également biligues ou entièrement bascophones. Par contre la langue est presque absente dans les administrations, avec quelques avancées surtout au niveau de la signalétique des bâtiments et des documents écrits. La signalisation routière est en partie en basque, la signalisation directionnelle des routes départementales est entièrement en basque, la micro-signalétique communale également. La langue n'est presque plus utilisée à l'église, sauf dans les chants, alors qu'elle était la langue de la religion jusqu'au milieu XXe siècle. Dans les familles aussi, elle a perdu beaucoup de terrain au profit du français. Le niveau de vitalité pour ce critère serait également le niveau 2 de l'UNESCO 2003 "Domaines limités", mais en soulignant que le basque réalise de petites avancées dans différents domaines de la vie publique et un pas plus important dans l'éducation.
Réponse aux nouveaux domaines et médias
▶ Facteur 5 :
Si le développement de l'éducation dépend largement des pouvoirs publics français, l'usage des nouvelles technologies de la communication et de l'information lui n'a pas de frontière. C'est une chance pour la langue basque en Pays Basque Nord qui bénéficie ainsi des avancées réalisées en Pays Basque Sud, surtout dans le Communauté autonome basque, comme par exemple de la télévision gouvernementale en basque qui est captée en Pays Basque Nord. De plus sur place même, des initiatives variées, essentiellemnt privées associatives, fleurisssent dans les domaines de la radio, de la télévision, d'Internet, etc. Ses principales limitations sont celles d'un public potentiel bascophone assez réduit, des insuffisances matérielles et humaines, et de la forte concurrence des médias en français et autres langues internationales. Le niveau de vitalité pour ce critère serait plus élevé, le niveau 3 de l'UNESCO 2003 "Réceptive", en tenant compte de la réserve importante suivante. D'une façon générale, on peut dire qu'en Pays Basque Nord la langue basque essaie de répondre aux enjeux de la modernité, mais avec peu de moyens.
Matériel pédagogique et accès à l'écrit
▶ Facteur 6 :
La production de matériel pédagogique, outil indispensable à l'enseignement du basque, a été reconnue comme un secteur essentiel de la poliitique linguistiquemise en place au Pays Basque Nord. Plus particulièrement depuis 2000, la traduction en basque d’ouvrages scolaires français et la création originale se sont développés. C’est le centre pédagogique Ikas qui est chargé dans le cadre d’un conventionnement avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique d’assurer cette production . Il compte huit salariés. Plus d’une soixantaine d’outils pédagogiques divers ont été produits en presque dix ans, principalement pour l’enseignement du premier degré : manuels scolaires, cahiers d’activités, ouvrages de littérature jeunesse, CD, mallettes pédagogiques, affiches et panneaux muraux, etc. C'est vers l'enseignement du second degré que portent maintenant plus spécifiquement les efforts. Par contre l’édition non-scolaire pour enfants qui aurait pu profiter de ce développement et d’un lectorat potentiel qui augmente n’a pas réussi à proposer une offre durable. Plusieurs magazines entièrement en basque ont été lancés successivement ces vingt dernières années mais aucun n’a pu durer plus de quelques années. Il n’y a pas non plus de production audiovisuelle pour le public en âge scolaire en Pays Basque Nord. L'enseigement aux adultes qui se développe lentement a entraîné la création de matériel pédagogique. Peu important, il a du mal à répondre aux besoins actuels variés des apprenants. On dispose de méthodes d'apprentissage individuel de la langue. Enfin la pratique de la langue écrite fait depuis peu une timide entrée dans les administrations, surtout locales. Le niveau de vitalité pour ce critère apparaît plus élevé. C'est le niveau 4 de l'UNESCO.
Politique linguistique
▶ Facteur 7 : 1 à 3 sur 5 assimilation passive à forcée
La langue dominante, le français, est la seule langue officielle. Les langues non-officielles de l'État français relèvent d'une notation entre 1 et 3 (voir l'article sur le statut des langues). Afin de relayer l’action militante des décennies précédentes et de répondre à la demande sociale d'une véritable politique publique, les pouvoirs publics ont installé à Bayonne l’Office Public de la Langue Basque (OPLB). Il s'agit d'un organisme de droit public (Groupement d’Intérêt Public) créé fin 2004 qui a pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre une politique linguistique pour la langue basque. Ses partenaires sont l’État, la Région Aquitaine, le Département des Pyrénées-Atlantiques, le Conseil des élus du Pays Basque et le Syndicat intercommunal de soutien à la culture basque. L’objectif principal du projet de politique linguistique de l’OPLB (2006) a été celui du développement de l’apprentissage scolaire du et en basque avec un certain succès: près de 45% des enfants de maternelle scolarisés en filière bilingue ou immersive, plus de 30% pour l'ensemble de l'école primaire. Cette stratégie choisie était parfaitement logique puisqu’elle prenait en compte la situation de la langue basque en France, en particulier un nombre de locuteurs en diminution permanente et une transmission familiale très faible. Elle pouvait s’appuyer sur un dispositif tant public que privé d’enseignement scolaire de la langue déjà bien implanté et sur une demande sociale des familles bien réelle. Depuis 2010, une forte inflection dans le projet de politique est à noter: au côté de l'apprentissage, la nécessité du développement de l'usage de la langue a été acté, en particulier son usage dans la vie quotidienne, en dehors du cadre scolaire. Il est encore un peu tôt pour dire si la création de cet outil et les actions qu'il mène pourront entraîner un changement radical de la situation de la langue basque en Pays Basque Nord. Ici évaluer le niveau de vitalité pour ce critère en utilisant les 6 niveaux de "degré de soutien" établis par l'UNESCO devient quasiment impossible. Un premier coup d'oeil, en s'appuyant sur la législation actuelle entièrement en faveur du français et la politique menée contre les langues régionales depuis la révolution française, amènerait à retenir le niveau 1 de l'UNESCO "Assimilation forcée" ou peut-être le 3, "Assimilation passive". Mais la réalité est plus complexe. L'Etat paie les salaires des enseignants de l'enseignement bilingue et immersif; il commence à proposer des programmes pour l'enseignement du basque. Il est membre de l'OPLB et donc participe à l'élaboration d'une politique publique en faveur de la langue basque. Le niveau est donc plutôt un mélange des niveaux 1, 3 et 4, "Soutien différencié". L'action militante constante, la demande sociale qui progresse en Pays Basque Nord et l'influence des politiques de l'Union européenne ont une grande part dans ce résultat somme toute pas aussi mauvais que prévu au premier abord.
Attitude des membres de la communauté vis-à-vis de la langue
▶ Facteur 8 :
La majorité des habitants de 16 ans et plus du Pays Basque Nord montre de l’intérêt pour la langue basque (IVe enquête sociolinguistique 2006). 83% des enquêtés expriment leur intérêt pour la langue basque: 22% un intérêt très fort, 35% un intérêt assez fort et 26% un intérêt moyen. Concernant la promotion du basque, 41,2% des habitants sont en faveur de sa promotion: 31,5% y sont favorables et 9,7% très favorables. 41% ont une attitude ni pour ni contre. Enfin 15,1% ont une attitude défavorable et 2,5% une attitude très défavorable. L'intérêt pour le basque est donc plus important que le souhait de sa promotion. Il est intéressant de s'attarder sur l'attitude des jeunes envers la langue. « L’intérêt des jeunes pour la langue basque » en Pays Basque Nord est (assez) grand pour 25%, faible pour 39% et nul pour 35% (Institut Culturel Basque, 2001 : 14). Au contraire dans la Communauté autonome basque, cet intérêt est (assez) grand pour 68% des jeunes de 13-14 ans et nul seulement pour 7%. Notons que l'enseignement entièrement en basque (modèle immersif) concerne plus des trois-quarts des jeunes de ce territoire. Les caractéristiques principales de la langue basque pour les jeunes du Pays Basque Nord en 1999 est qu’elle est difficile pour 57% et facile pour 17%, qu’elle est rurale pour 51% et urbaine pour 14%, qu’elle est passéiste pour 39% et futuriste (sic) pour 21%, qu’elle est inutile pour 32% et nécessaire pour 32% (Institut Culturel Basque, 2001 : 15). L’image de la langue basque qui en ressort n’est pas très positive, plutôt traditionnelle. Peut-être a-t-elle évolué depuis cette enquête. Concernant son avenir, 6% de ces jeunes souhaitent qu’elle disparaisse, son avenir importe peu à 25%, 44% souhaitent qu’elle reste dans l’état actuel et 26% qu’elle se renforce et s’étende (Institut Culturel Basque, 2001 : 18). Ici aussi l’adhésion n’est donc pas très forte, alors que par exemple dans la Communauté autonome basque 54% jeunes souhaitent qu’elle se renforce et s’étende. Le niveau de vitalité pour ce critère serait le niveau 3 de l'UNESCO. En effet, si l'intérêt pour le basque est largement majoritaire dans l'ensemble de la population, le souhait de sa promotion n'atteint pas tout à fait les 50% alors que les opposants à sa promotion sont moins de 20%.
Quantité et qualité de documentation
▶ Facteur 9 :
Le niveau de vitalité de la langue basque en Pays Basque Nord du point de vue de ce dernier critère de l'UNESCO est bon. La "nature de la documentation" est de niveau 4, "Bonne", voir de niveau 5 "Excellente". Il faut dire que la langue basque a suscité très tôt l'intérêt des philologues et des linguistes. Dès le début du XIXème siècle, la seule langue ergative d'Europe de l'Ouest a commencé à être décrite. Elle est sûrement la langue ergative la plus documentée au monde. Les universités de la Communauté autonome basque et de Navarre au Sud, la filière d'Etudes basques de la Faculté pluridisciplinaire de Bayonne, les centres de recherches comme l'UMR 5478 Iker de Bayonne, l'Académie de la langue basque, entre autres, fournissent de nombreux travaux de nature linguistique sur la langue. Paradoxalement, il n'existe pas de bonne grammaire simple et moderne pour le grand public, ni en basque, ni en français. Par contre on dispose de nombreux travaux de grammaire, de dictionnaires diversifiés, de textes, d'une littérature abondante et de plus en plus variée et d'un quotidien entièrement en basque. Les laboratoires universitaires et de recherche fournisssent des documents écrits, des enregistrements audio et video adéquats de haute qualité.
études sociolinguistiques
Une partie importante de la bibliographie concernant la langue basque, travaux universitaires comme ouvrages de vulgarisation, est rédigée en basque et est rarement traduite dans d'autres langues. L’archive ouverte Artxiker offre de nombreux documents de la recherche internationale dans le domaine de la langue basque et des langues typologiquement proches, http://artxiker.ccsd.cnrs.fr/. Nous n'indiquons ici que des références qui concernent soit la langue basque dans son ensemble, soit le Pays Basque Nord.
- Académie de la langue basque - Euskaltzaindia. 1998. Euskararen liburu zuria [Le livre blanc de la langue basque]. Bilbao: Euskaltzaindia.
- Aizpurua, Xavier. 1995. Euskararen Jarraipena - La Continuidad del Euskera - La Continuité de la Langue Basque, Euskal Herriko Soziolinguistikako Inkesta 1991 - Enquête Sociolinguistique au Pays basque 1991, trois volumes (trilingue). Vitoria-Gasteiz: Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia.
- Azurmendi, Joxe. 1992. Espainolak eta euskaldunak [Les Espagnols et les Basques]. Saint-Sébastien: Elkar.
- Azurmendi, Maria-José, Baxok, Erramun & Zabaleta, Francisca. 2001. 'Reversing language shift: The case of Basque', Joshua A. Fishman (éd), Can threatened languages be saved? Reversing language shift, revisited: A 21st century perspective, Clevedon: Multilingual Matters. 234-259.
- Azurmendi, Maria-Jose & Martinez de Luna, Iñaki. 2005. The Case of Basque, International Journal of the Sociology of Language, 174.
- Baxok, Erramun & Coyos Jean-Baptiste. 2010. Helduen euskalduntzea eta etorkinak Ipar Euskal Herrian – L’enseignement du basque aux adultes natifs et non natifs en Pays Basque Nord, Bilbao: Académie de la langue basque.
- Coyos, Jean-Baptiste. 2004. Politique linguistique Langue basque et langue occitane du Béarn et de Gascogne, Saint-Sébastien: Elkar.
- Coyos, Jean-Baptiste. 2005. 'Les politiques actuelles en faveur de la langue basque', Marges Linguistiques, http://artxiker.ccsd.cnrs.fr/artxibo-00000051/fr/
- Coyos, Jean-Baptiste. 2005, 'L’enseignement peut-il « sauver » une langue menacée ? L’exemple du Pays Basque', Lapurdum X. Bayonne: Centre de Recherche sur la Langue et les Textes Basques IKER – UMR 5478
- Coyos, Jean-Baptiste. 2008. 'Hizkuntza-politika Ipar Euskal Herrian: nondik nora ? Ibilbidearen azterketa' [La politique linguistique en Pays Basque Nord: d’où vers où ? Etude du chemin parcouru], Bat Soziolinguistika aldizkaria 67. Andoain (Espagne): Soziolinguistika Klusterra, 79-102.
- Coyos, Jean-Baptiste. 2009. 'Euskara eta legedia Ipar Euskal Herrian: Gizarte elebidun baterantz aukerak eta mugak' [La langue basque et la législation en Pays Basque Nord: Vers une société bilingue, limites et possibilités], Bat Soziolinguistika aldizkaria 70. Andoain (Espagne): Soziolinguistika Klusterra, 41-55.
- Coyos, Jean-Baptiste. 2010. 'État des lieux de l’enseignement scolaire du basque en France', Claire Torreilles & Marie-Jeanne Verny (coord.), Enseigner une langue régionale, Les Langues Modernes n°4.
- Euskal Soziolinguistika Institutua. 2002. Kale erabileraren IV. neurketa 2001. Emaitzak, Azterketak, Gogoetak. [IVe mesure de l'usage de la langue basque dans la rue 2001. Résultats Etudes Réflexions]. Bat Soziolinguistika aldizkaria 43. Andoain (Espagne): Soziolinguistika Klusterra.
- Gouvernement autonome basque – Gouvernement de Navarre – Institut culturel basque. 1997. Euskararen Jarraipena II – La Continuité de la Langue Basque II, Euskal Herriko Soziolinguistikako Inkesta 1996 - Enquête Sociolinguistique au Pays basque 1996, trois volumes (trilingue). Vitoria-Gasteiz: Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia.
- Gouvernement autonome basque – Gouvernement de Navarre – Institut culturel basque. 2003. Euskararen Jarraipena III - La Continuité de la Langue Basque III, Euskal Herriko Soziolinguistikako Inkesta 2001 - Enquête Sociolinguistique au Pays basque 2001, Iparraldea – Pays Basque Nord, quatre volumes (quadrilingue). Vitoria-Gasteiz: Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia.
- Gouvernement autonome basque - Eusko Jaurlaritza, IVe enquête sociolinguistique 2006. Vitoria-Gasteiz: Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia.
- Gouvernement autonome basque, Kulturaren Euskal Kontseilua, Institut Culturel Basque. 2008. Kultura Ohiturak Praktikak eta Kontsumoa Ipar Euskal Herria 2007-2008 [Habitudes Pratiques et Consommation culturelles en Pays Basque Nord 2007-2008]. Vitoria-Gasteiz: Eusko Jaurlaritzaren Argitalpen Zerbitzu Nagusia.
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